La fertilisation de la prairie doit être adaptée à chaque situation en utilisant la bonne combinaison d’éléments minéraux au bon moment.
Dans une exploitation laitière, le besoin en éléments fertilisants de la prairie peut être couvert, en grande partie, par les effluents d’élevage, surtout en cas d’utilisation importante d’aliments concentrés. La composition minérale des effluents doit être suivie étroitement pour ajuster la fertilisation. Dans les situations d’utilisation régulière d’effluents, la disponibilité globale de l’azote peut atteindre 70-80% en prenant en compte les effets annuels directs et les arrière-effets de moyen et long terme. Le solde des besoins en azote sera assuré par une fertilisation minérale équilibrée qui présente des coefficients d’utilisation de l’azote plus élevés. Tout en se conformant aux calendriers d’épandage réglementaires, les apports d’effluents sont préférables en fin d’hiver-début de printemps, 2 à 3 semaines avant le redémarrage de végétation, afin d’éviter les pertes par lessivage de l’azote minéralisé à l’automne. L’azote ne doit pas être le seul indicateur des quantités d’effluents à apporter, il est nécessaire d’intégrer également les flux de phosphore et de potasse afin de conserver une nutrition équilibrée et limiter les excédents.
L'azote
Un besoin précoce
L’azote est le moteur de la croissance et du rendement de la prairie. Les besoins en phosphore, potasse, soufre, magnésium et calcium sont finalement dépendants de l’objectif de rendement et du niveau de fertilisation azotée. Les besoins en azote surviennent dès le début de la croissance, à partir de 200 degrés-jours cumulés depuis début janvier. A cette période encore froide, les fournitures du sol par minéralisation sont souvent insuffisantes pour couvrir les besoins. Un objectif de production élevé nécessite une fertilisation minérale ou organique précoce. L’azote est rapidement absorbé puis métabolisé sous forme de protéines et autres composés ; un délai suffisant est nécessaire entre l’apport et la fauche ou le pâturage. Les apports fractionnés, adaptés à la fréquence des exploitations de l’herbe, constituent la meilleure stratégie de valorisation de l’azote. La fertilisation azotée précoce de printemps est la plus efficace et permet de compenser la faible minéralisation du sol. La Directive Nitrate encadre l’utilisation de l’azote. Optimiser les périodes d’apport en fonction des besoins de la prairie augmente l’efficacité de l’azote et permet de réduire les doses totales apportées sans affecter les niveaux de rendements atteints.
Des pertes élevées avec l’urée et la solution azotée
Quand l’azote est apporté sous forme minérale sur la prairie, tous les engrais minéraux ne se valent pas. En effet, d’importantes pertes par volatilisation ammoniacale peuvent survenir avec l’urée ou la solution azotée comme le montre le tableau ci-dessous.
Essai en sol limono-sableux à la dose de 190 N/ha en Allemagne. Des différences significatives de rendement (tMS /ha) sont observées. L’ammonitrate permet des gains de rendement significatifs par rapport à l’urée et la solution azotée qui enregistre les plus faibles performances.
Le Phosphore
Nourrir le métabolisme de la plante
Le phosphore est essentiel au métabolisme des plantes prairiales et à l’activité enzymatique. Même si le besoin en phosphore de la prairie est modéré comparé à l’azote, sa disponibilité accélère la croissance de l’herbe. Plus la prairie est ancienne, plus le besoin en phosphore est important. La biodisponibilité du phosphore, limitée en sol acide et en sol alcalin, atteint l’optimum autour de pH 6,5. Par ailleurs, le phosphore est très peu mobile dans le sol et les racines ne peuvent le prélever dans la solution du sol que dans un rayon de 2 à 4 mm. De faibles températures au printemps réduisent encore la disponibilité du phosphore. Toutes ces raisons conjuguées à la baisse de la fertilisation phosphatée, contribuent à l’apparition de carences temporaires. L’apport de phosphore au printemps peut améliorer la réponse à la fertilisation azotée même dans des sols correctement pourvus.
La Potasse
De forts prévèvements
La potasse est absorbée en très grande quantité par la prairie, excédant les prélèvements d’azote. La potasse contribue directement ou indirectement à l’absorption des nutriments, à la photosynthèse, à la vitesse de croissance et à la valeur alimentaire. Elle est particulièrement importante pour la tenue des tiges, la résistance au stress hydrique et au froid. Une carence en potasse peut induire une diminution de l’absorption d’azote et une chute de la valeur protéique de l’herbe. Les régimes de fauche intensifs exportent de très importantes quantités de potasse hors de la parcelle qui doivent être compensées par la fertilisation. Dans les parcelles de fauche les plus intensives, à hauts niveaux de rendement, les besoins en potasse peuvent atteindre jusqu’à 600 kg/ha. Les régimes de pâturage ont des besoins bien plus limités grâce aux excrétions des animaux qui restituent l’essentiel de la potasse ingérée.