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15 novembre, 2017

La tournée du Colza – Episode 1 : La Vienne

Quelles sont les pratiques culturales des agriculteurs sur la culture du colza ? Les régions de production diffèrent par le climat, la nature des sols, les débouchés potentiels, etc. Nous avons posé des questions à François Dupont, conseiller grandes cultures à la Chambre d’Agriculture de la Vienne.


Champs de colza
Champs de colza

Dans la Vienne, comme dans l’ensemble du territoire français, il y a de moins en moins d’éleveurs et la part d’exploitations céréalières tend à augmenter. Le colza est une des cultures principales de la région, tout comme le blé. En témoigne certains secteurs où la pratique de rotations courtes blé-colza-blé-colza « ce qui n’est pas forcément le mieux », précise François Dupont. La taille des exploitations augmente, les surfaces sur lesquelles travaille le conseiller est plutôt de l’ordre de 200 ha, avec quelques exploitations qui atteignent 300 ha et plus, ces grosses structurent se rencontrent de plus en plus.

 

Le colza dans la Vienne, intérêt économique

Les surfaces semées en colza sont importantes, « sur des rotations courtes, le colza représente 40% de la surface de l’exploitation. Sur des rotations plus longues, l’ordre de grandeur est plutôt autour de 20-25%. Après, les types de sol varient sur le département. Sur des sols argilo-calcaires et profonds, le tournesol est plutôt important ; alors que sur des sols limoneux, le colza a une place prépondérante. Les rotations courtes blé-colza-blé-colza, nous les rencontrons surtout dans ces secteurs limoneux ». Dans la région, la première raison de cultiver du colza est économique « dans les secteurs où le colza est très présent, les agriculteurs arrivent encore facilement à atteindre 35 quintaux par hectare de rendement – très rarement en dessous de 30. Et à ces niveaux de rendement, le colza est une culture économiquement intéressante pour les agriculteurs. Alors que sur ces types de sols, en tournesol, financièrement ça tient moins la route puisque les rendements atteignent difficilement plus de 20-25 quintaux ».L’année dernière, marquée par des problèmes de rendements sur toute la France, c’est le colza qui s’est maintenu le mieux sur la récolte et qui a permis de dégager de la marge sur certains secteurs du département.

Concernant les débouchés, un distributeur local a investi il y a quelques temps déjà dans une unité de production de biocarburant. Une autre coopérative a développé une filière colza érucique, débouché en développement sur tout la France et vecteur de marges supplémentaires pour les agriculteurs.

 

Les itinéraires techniques ; pratiques des agriculteurs et fertilisation

Depuis quelques années, le salissement des parcelles de colza s’est accentué. Outre la complexité à se débarrasser de certaines adventices, c’est les investissements en herbicides qui ont augmenté ; ce phénomène est principalement « dû aux rotations courtes, on observe des géraniums dans certaines parcelles, que l’on peut gérer encore relativement facilement ; par contre dans certaines parcelles, on voit se développer des chardons ».

Concernant la fertilisation, la majorité des apports se fait avec du minéral, « hormis les éleveurs qui ont à disposition de l’organique, ou pour quelques agriculteurs, des fientes qui viennent de Vendée ou d’ailleurs ; l’utilisation de l’organique reste très limitée », sur la zone de François Dupont, les agriculteurs utilisent essentiellement de l’ammonitrate et de l’azote soufré, toujours en solide. Le conseiller de la Chambre d’Agriculture de la Vienne rencontre également peu d’agriculteurs utilisant de l’azote liquide. La date de semis pèse également dans la stratégie de fertilisation à envisager « sur des semis très précoces, effectués entre le 10 et le 15 aout, on a aujourd’hui des colzas très développés, je le constate cet automne. Il le sont d’autant plus s’ils ont été fertilisés au semis. Pour ceux semés plus tard, nous avons eu des gros problèmes d’altises en Poitou-Charente. Donc tous les colzas semés tôt et ayant bénéficiés des pluies de début aout n’ont pas été exposés au risque des altises. Ces colzas forts ont aujourd’hui absorbés entre 1,5kg et 2kg d’azote, alors que ceux qui ont été touchés par les altises, on est plutôt vers les 500 grs d’azote absorbé. Nous verrons sur les pesées en sortie d’hiver, ça permettra aux agriculteurs d’ajuster la fertilisation ». A la Chambre, les conseillers n’ont pas d’outils de gestion de fertilisation du colzas, même si certains conseillers utilisent l’application smartphone Yara ImageIT ; François Dupont réalise des campagnes de pesées en sorties d’hiver.

De manière générale les agriculteurs effectuent deux apports d’engrais sur leurs colzas, hormis ceux qui sont en semis direct et qui apportent un peu d’azote en localisé lors du semis. « les 2 apports sur de bons colzas en sortie d’hiver me conviennent », précise le conseiller, « je ne suis pas sûr que si les agriculteurs passaient à 3, il y aura un bénéfice pour autant. Par contre, sur des petits colzas en sortie d’hiver, sur des potentiels de parcelles au rendement historiquement élevés, ça peut être intéressant de passer en trois fois : un premier apport le plus tôt possible, dans les premiers jours de février – pour respecter la directive nitrate – puis de fractionner les 200 uN sur ce type de colza. Sur des colzas moyens en sortie d’hiver, qui ont absorbé 65 uN et sur une dose prévisionnelle de 170 uN, je ne suis pas sûr que 3 apports soit le plus pertinent ».

Par ailleurs la Vienne n’est pas une région qui connait des hivers rudes, l’absence de températures négatives permet aux colzas de continuer à se développer tout au long de l’hiver ; l’arrêt végétatif est à peine marqué. Début février, les colzas sont alors assez bien développés et une stratégie en 2 apports est adaptée. Sur colza, dans la directive nitrate, c’est à partir de 170 uN que règlementairement il faut passer en 3 apports.


Yara France remercie François Dupont pour le temps accordé et sa collaboration à ce blog d’informations.