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Dans un récent rapport, la Cour des comptes estime que la France n’atteint pas ses objectifs de réduction des émissions d’ammoniac agricole. Des mesures plus contraignantes pourraient être envisagées. Entretien avec Pascal Bordes, responsable agronomie, veille et développement chez Yara France.
Quels sont les objectifs de réduction qu’évoque la Cour des comptes ?
Pascal Bordes : Ces objectifs figurent dans la directive européenne Nec. Celle-ci fixe à 4 % la baisse des émissions françaises d’ammoniac agricole en 2020 par rapport à 2014. Les effluents d’élevage sont les principaux émetteurs de ce gaz. Mais les engrais minéraux sont aussi concernés. Aucune réglementation contraignante n’a encore été imposée en France. Cependant, des pays ont déjà légiféré : en Allemagne, il est obligatoire d’enfouir l’urée ou d’épandre de l’urée inhibée.
Le rapport recommande d’interdire “les matériels les plus émissifs”. De quoi parle-t-on ?
PB : Les buses-palettes à lisier, qui favorisent la volatilisation ammoniacale, sont en première ligne. Elles sont déjà interdites dans plusieurs pays européens. Il pourrait également devenir impossible d’épandre de l’urée en plein. Il deviendra certainement nécessaire de l’enfouir (sur les cultures qui le permettent), ou d’utiliser de l’urée inhibée si on souhaite conserver l’usage de son épandeur centrifuge.
L'ammonitrate, moins sensible à la volatilisation ammoniacale, serait une solution ?
PB : C’est en effet une des bonnes pratiques mises en avant par le plan de réduction des polluants atmosphériques Prepa. L’ammonitrate est moins émissif et son efficacité agronomique est meilleure. Épandue en plein, ses pertes en azote ne sont que de 1,3 % contre respectivement 13 % et 8,2 % pour l’urée et la solution azotée. Sachant cela, on peut s’interroger sur la pertinence d’investir dans du matériel enfouisseur, ou d’épandre de l’urée inhibée…
Grâce à une volatilisation ammoniacale réduite, une meilleure absorption d’azote et une empreinte carbone plus faible de l’usine à la récolte, les ammonitrates ont un impact environnemental inférieur à celui des produits à base d’urée (urée, solution azotée). C'est aussi de 2 à 5% de rendement supplémentaire en moyenne avec l’ammonitrate.